Les livres

LIVRE 1 : Message d’une sage-femme pour une naissance libre

Les peurs de la grossesse et de l’accouchement

 

Le message …

 

Même si elles ne le conscientisentpas toujours vraiment, de très nombreuses futures mères portent en elles de lourdes peurs et parfois même une grande souffrance.

Peur de la douleur, de ne pas y arriver, de ne pas être une bonne mère, peur de l’enfant anormal, du pouvoir médical, de la césarienne, de perdre son espace…

Le travail sur les peurs est fondamental. L’enjeu est majeur car les stress les plus violents peuvent prendre vie dans le corps. Ils ont la faculté de se matérialiser sous forme d’affections ou de barrages codés, induisant des complications pendant la grossesse et des accouchements longs et difficiles. Ils peuvent aussi se transmettre à l’enfant et orienter sa vie vers un mode de fonctionnement non-libéré.

Et pourtant…Il y a là en réalité, une occasion inespérée pour chacune de travailler à sa propre reconnaissance, de s’ouvrir à sa capacité de femme, de mère, mais aussi d’œuvrer pour l’avenir de l’enfant.

Ce livre propose de puissants outils qui insufflent le pouvoir de se libérer, de réussir son accouchement et surtout de mettre au monde des enfants sereins.

 

« Cet ouvrage est une porte, un véritable passage vers un avenir plus serein dans le présent trop souvent effrayant et confus des futures mères. »

 

NOTES DE L’AUTEUR

 

Bien que conçu au départ pour accompagner le travail sur les peurs, le livre à été remanié de manière à être totalement et parfaitement accessible aux personnes qui n’ont pas effectué ce travail. Il est un enseignement en soi. Il offre de multiples informations et de nombreux exemples permettant aux futurs parents de prendre conscience de la réalité des peurs de la grossesse et de l’accouchement. Il donne aussi les outils et les clés permettant de les dépasser. Il est également source d’information sur la formation du psychisme de l’enfant, la manière de prendre contact avec lui afin d’éviter au maximum les traumatismes. Enfin, il est une aide précieuse à la mise en place du lien d’attachement. Mais il va aussi fournir une manne providentielle de conseils pour faire face à l’hyper médicalisation. En réalité, il est bien plus que tout cela puisqu’il propose une véritable initiation à la naissance, et au-delà à la vie.

 

 

EXTRAITS:

 

Extrait 1

Je n’ai pas voulu cet ouvrage, je ne l’ai pas souhaité, je n’y ai même pas pensé, ça s’est fait. Au départ, il ne devait y avoir que quelques pages photocopiées, un petit mémento permettant à chacune de mes patientes de revenir sur certains points particuliers que le cerveau, guidé par les mémoires inconscientes, avait tendance à occulter. Mais très vite, le tout petit cahier prospéra. Il y avait une telle richesse d’expérience, ce savoir, toute cette sagesse qui m’avaient été transmis et qui tout doucement, sans bruit prenaient place, s’imposaient. En fin de compte, les choses se précisèrent à la demande de plus en plus insistante des mères. Ce furent elles qui, au vu de l’impact sur leur accouchement et sur leur vie, demandèrent à ce que le message qui leur avait permis d’accomplir « le passage » soit légué, révélé à d’autres mères. Elles pensèrent qu’il n’était pas juste qu’il se perde, et me prièrent instamment de le rédiger et de le publier. J’ai accepté de le faire parce que les résultats qui ont pu être établis sont édifiants.

Au-delà de tout ceci, il y a cependant quelque chose d’admirable : le fait que cette transmission sacrée transite par la demande de femmes pour d’autres femmes au travers d’une pensée pour l’autre fondamentalement désintéressée, juste au nom de l’amour…

 

Extrait 2

 

La transmission des outils

Les informations, les acquis se transmettent. L’expérience est souveraine en ce domaine. Des outils voient ainsi peu à peu le jour, susceptibles de guider, de conduire les générations successives vers la vérité de leur être, vers l’équilibre, la paix. Au cours du temps, la plupart de ces instruments disparaissent mais d’autres continuent leur chemin au travers des siècles, se diffusent, traversant toutes les cultures sans même prendre une seule ride. En réalité ceux-là n’ont pas d’âge, resurgissent dans toutes les civilisations structurées. On les retrouve dans tous les enseignements de par le monde et au travers de toutes les époques et cela est possible parce qu’ils sont présents en nous depuis l’origine de la vie. En réalité, ils sont une partie de nous-mêmes. Nous les cherchons à l’extérieur de nous, alors qu’ils sont à l’intérieur. L’arbre de la connaissance est en nous bien avant notre premier souffle, il fait partie intégrante de nous, et au travers de lui, nous sommes capables à chaque instant de sentir si telle ou telle chose est juste ou pas, bonne pour nous ou pas. Là se trouvent les clefs de l’accouchement, d’une grossesse harmonieuse, d’une attitude juste face à nos enfants, d’un comportement adulte, engagé durant toute une vie. Là sommeille le fil d’Ariane de notre propre liberté face à ce monde féroce dans lequel nous vivons parfois de cruelles expériences.

C’est possible de comprendre une partie du mécanisme, afin de s’accorder au mouvement de l’ensemble. C’est possible de rencontrer ces outils si précieux qui nous permettront de vivre, de remplir notre devoir d’humanité sans trop d’accrocs. C’est possible de percevoir le sens de la vie, de se couler dans le lit de son torrent, de s’y soumettre sans s’y résigner, de s’y mêler, sans se renier, de s’ouvrir, de s’offrir, de se réconcilier. Les réponses sont là, toutes les clés, la vérité et le juste à notre porté, à chaque instant, l’acte adapté, l’attitude authentique et la paix, c’est possible! C’est possible, parce que c’est déjà là, posé comme un papillon tout près, à l’intérieur, au centre de notre cœur…

 

Extrait 3

Le véritable enjeu de la naissance

Et si la vie c’était en fait une vaste école, une matrice où tout est expérience et où tout sert à progresser, à grandir, à évoluer ? Et si chaque épreuve que nous traversons aussi douloureuse, aussi difficile soit-elle était en réalité une initiation nous permettant de nous réaliser, de nous ré-veiller, de nous éveiller ? Et si la naissance, la grossesse, l’accouchement faisaient en fait partie des plus grandes de ces initiations, celles capables de nous rendre à la fois la force du passé et de nous donner celle du futur ? Et si des outils avaient été mis à notre disposition pour nous aider, pour nous permettre d’y parvenir ?

En vérité l’accouchement, avec la naissance, est sûrement la forme la plus forte de tous les apprentissages, une expérience capable de nous transcender, de nous pousser à nous dépasser, une autre chance bienveillante pour nous re-trouver, pour nous re-connaître. Un passage obligé susceptible de mettre en place nos capacités les plus enfouies, de faire sauter les verrous les plus lourds du passé, de nous permettre de re-naître.

Il est possible d’aborder ce grand virage de notre vie en pleine conscience, il est possible au nom de l’enfant, propulsé par la force de l’amour qu’on lui porte, de franchir la porte à ses côtés. En réalité, si on possède la connaissance et si on l’applique, il est impossible, impossible de passer à côté de son accouchement !

Ce savoir, ces outils existent. Après des années de travail, j’ai pu les rencontrer, les éprouver, je me suis souvenue. Je les ai à mon tour transmis à de nombreuses mères ou futures mères qui les ont elles mêmes expérimentés puis re-connus. Aujourd’hui, j’ai essayé de les réunir, de les simplifier le plus possible afin de permettre à chacune d’identifier en elle la résonance ultime de « la » vérité, de l’appliquer dans sa maternité et au-delà dans sa vie, et de se libérer. Mais cela va plus loin encore car se libérer libère l’autre, répare le clan. Libérer la mère rend l’enfant affranchi, souverain, responsable, in-dépendant.

 

Il est possible alors que le voile se déchire, qu’une certaine lucidité soit donnée, que la fabuleuse stratégie de la vie cherche à se révéler, le Graal à notre portée, simple, si prodigieusement simple, si étonnamment simple !

 

«Nous nous devons d’offrir à nos enfants une naissance digne et un accueil en rapport avec ce qu’ils sont. Notre devoir de parents ou d’accompagnant est de préserver à tout prix l’intégralité des capacités qu’ils portent en eux.»

 

 

Extrait 4 :

 

Dominique et ses jumeaux

 

C’est sûrement là un des exemples les plus clairs et les plus explicites de double passage d’un stress dans le corps pendant l’accouchement qu’il m’ait été donné de rencontrer. Il montre indubitablement le processus de réparation et donne vraiment la mesure et toute l’envergure initiatique et réparatrice de l’accouchement.

Le téléphone vient de sonner, c’est Dominique. Dominique attend des jumeaux, c’est aussi une amie. Je lui ai promis, lorsque le moment serait venu, de me rendre à son domicile, pour accompagner la dilatation chez elle le plus longtemps possible, puis je ferai le transfert sur la maternité, enfin je continuerai à l’assister sur place. Il n’est bien sûr pas question qu’elle accouche à domicile, les règles qui régissent l’accouchement à domicile sont très strictes et la présence de jumeaux est rédhibitoire. De toute façon elle ne l’aurait pas souhaité. Je prends donc les mesures pour fermer mon cabinet et je me rends chez elle.

Lorsque j’arrive, Dominique parait sereine, elle a des contractions toutes les trois ou quatre minutes, mais sur le monitoring on peut constater que leur intensité est faible. Si on la chiffre sur une échelle de 1 à 10 on ne pourrait pas mettre plus de 2. Par contre, le col, lui, n’a pas encore bougé et c’est normal, les contractions ne sont pas encore assez puissantes. Cependant, j’ai l’intuition malgré tout qu’il ne s’agit pas d’un faux travail et que l’accouchement a réellement commencé.

Françoise, la maman de Dominique, vient d’arriver. Elle n’a pas été prévenue, mais elle passait par hasard. C’est une mère discrète et précieuse. Elle s’attelle tout de suite à préparer un petit repas pour le soir, réunit quelques affaires pour les jumeaux… Françoise est une maman exemplaire, elle a mis elle-même sa petite fille au monde en moins d’une heure, elle est aussi très engagée à nos côtés dans le combat pour une naissance naturelle.

Du côté de Dominique, le temps passe et la situation n’évolue pas. Les contractions, toujours aussi régulières, n’augmentent invariablement pas en intensité. Par contre, ce qui augmente c’est la douleur. Je l’installe dans un bain, le père met en place des massages, on travaille les souffles, les visualisations, certaines techniques d’haptonomie, de digitopuncture, rien n’y fait. La douleur continue à augmenter. Dominique ne parle presque plus et se ferme. Au bout d’un moment je lui demande :

– Si je te demandais de chiffrer la douleur sur une échelle de 1 à 10, à combien l’évaluerais-tu ?

Avec un faible sourire, Dominique me répond :

– Plus de 10…

– Te rends-tu compte que tes contractions sont très faibles, et regarde ton ventre, il est à peine tendu… Cette souffrance, n’est pas due à tes contractions, il y a autre chose…

J’ai emmené Dominique dans sa chambre, afin que nous puissions parler en toute intimité.

– C’est quoi ta peur ? Qu’est ce qui te fait mal à ce point ?

Dominique cherche en elle la réponse, très vite de grosses larmes se mettent à couler, elle ressemble à la toute petite fille qu’elle était il y a longtemps.

– Et si moi je veux une péridurale, et si moi je veux partir tout de suite à la maternité, elle va tellement être déçue…

« Elle », c’est Françoise. Au moment où Dominique devient mère, elle a devant les yeux la « mère idéale ». Face à ce modèle, Dominique se dévalorise, elle pense qu’elle ne fait pas le poids, elle pose le « Je ne suis pas capable ». Décevoir ce modèle d’amour est, pour la petite fille qu’elle est re-devenue, la pire chose qui soit. A ce moment-là, le cerveau est en zone alarme : « Surtout ne pas décevoir la mère », il doit agir pour se préserver : douleur psychique maximum  4passage en biologie  4douleur physique maximum.

L’autre solution qu’il met en place : arrêter les contractions ou les maintenir sur un seuil inefficace. Pas de contractions, pas d’accouchement. Pas d’accouchement, pas de déception! C’est la logique imparable, implacable du grand ordinateur.

J’ai laissé Dominique traverser sa peur, aller à sa rencontre puis la laisser partir. Ensuite, j’ai demandé à Françoise de venir. Dominique a pu verbaliser son trouble face à sa mère, mais aussi son amour. Elle lui a expliqué, vu le contexte, que sa présence posait un problème. Enfin, elle lui a demandé de s’en aller. Françoise a parfaitement compris et est partie. A partir de cet instant-là, dans les secondes qui ont suivi, les contractions sont passées à 10 sur l’échelle des intensités et la douleur…est descendue à 3… Le col s’est ouvert et Dominique a accouché en 1 heure… très exactement comme sa mère…

Au moment même où Dominique a pu exprimer sa peur et sa souffrance à sa mère, la peur panique du risque de la décevoir a disparu, instantanément, et avec elle tous les barrages que le cerveau avait pu mettre en place. Ou elle était déçue et c’était fait, ou elle ne l’était pas, mais dans tous les cas, la peur avait disparu. Plus de peur 4 plus de d’obstacle au torrent de la vie, plus de peur 4 plus de douleur.

Cet exemple est d’école, parce qu’on peut y suivre la progression à la fois de la peur et de la douleur. Mais cette situation n’est pas si rare que ça. La présence de la mère de la parturiente réveille presque toujours les mémoires de leur relation, les enjeux, les conflits. Un rapport qui a été difficile pose problème, mais, comme nous venons de le voir, les « wonder-maman » sans en être bien sûr conscientes, mettent la barre très haute pour leur descendance, et le « juge-ment » au bord du cœur. J’ai pu observer que très souvent la présence de la future grand-mère dans les parages de l’accouchement devient problématique. Dans tous les cas cela crée un facteur de risque supplémentaire en rapport avec certaines pathologies de l’accouchement. C’est dans ce sens que leur présence sur place à ce moment-là ne me paraît pas être une très bonne idée (bien que pendant longtemps cela ait été l’usage).

D’autre part, cet exemple permet de démontrer qu’on peut toujours dépasser une peur qui n’a pu être dévoilée pendant la grossesse au cours de l’accouchement. Avec la transparence psychique c’est simple, il suffit de se poser la question :

– C’est quoi cette peur, qu’est-ce qui me terrorise à ce point ?

Le père peut aider aussi en posant des questions.

Une femme a pu ainsi faire lâcher un barrage. Elle a simplement pris conscience du fait que l’obstétricien qui venait « faire » l’accouchement, et qu’elle n’avait jamais vu auparavant, ressemblait étrangement à son grand-père. Ce grand-père extrêmement rigide lui avait fait vivre une enfance imprégnée de pouvoir, de violence et de despotisme. L’attitude fermée du médecin et une petite ressemblance physique ramenaient la petite fille et sa peur et évinçait la femme. Pour lâcher-prise et lâcher les fermetures en rapport, il suffisait juste de le conscientiser.

En résumé, il est toujours possible d’aller à la rencontre, il est toujours possible de « voir » et de dépasser. Il suffit simplement de ne pas douter un instant qu’on en est capable

 

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LIVRE 2 : La Mort le Deuil la Vie

Un message et des outils pour traverser

 

Il était une fois… la VIE

 

Ce livre est bouleversant parce qu’il est la vie, parce qu’il ose proposer les outils de la guérison, parce qu’il ose prendre place face à un des plus grand tabou de notre siècle : la mort !

S’il est tiré, au départ, de l’expérience de sage-femme de l’auteur, et traite en première intention des deuils les plus inconcevables, les deuils d’enfants, tous les outils et la démarche qu’il contient sont conçus pour toutes les pertes, quelles qu’elles soient.

Il va s’atteler à démonter les mécanismes de la souffrance, ceux des peurs, du manque, de la demande impossible… dans le but de les désactiver. Mais dans cette ouverture, il va aller beaucoup plus loin, en introduisant les puissants outils de la guérison.

Dans cette démarche volontaire étayée par les témoignages et le vécu de ceux qui ont guéri, il se peut que les croyances, les fausses lois, les stratégies de survie tombent. La brume dissipée, restera la Vie

 

 

Sage-femme depuis 35 ans, spécialisée en psycho-périnatalité, Ariane Seccia publie en 2008 le premier message « Message d’une sage-femme pour une naissance libre ».Très vite, le livre a du succès, parce qu’il est une porte, un véritable passage vers un avenir plus serein pour les futures mères.

Dans ce second volet, l’auteur aborde l’autre versant de la boucle de vie : la mort, le deuil, mais surtout la Vie.

Devenue formatrice des sages-femmes, enseignante des thérapeutes du psychisme, Ariane peut désormais transmettre son expérience et sa pratique, quel que soit le plan où elles se situent.

 

 

« Ce second ouvrage est un véritable voyage à travers l’énergie du cœur susceptible d’offrir à tous ceux qui souffrent un présentserein. »

 

 

EXTRAITS:

 

Extrait 1 :

 

J’ai fini de parler. Face à moi, dans le grand amphithéâtre, c’est le silence. Le temps s’est arrêté. Les innombrables visages brûlés par le souffle de la perte sont immobiles, figés, consternés. J’ai l’impression de ne pas avoir trouvé les mots justes, d’avoir omis l’essentiel. Et pourtant, j’avais tant à leur dire. Je savais, je pouvais leur montrer le chemin, les guider, tout doucement du bout du cœur. Je savais le souffle de vie à insuffler à nouveau, je connaissais la couleur du regain dans les yeux languissants. La vie après, c’est possible ! Je l’avais vue rayonner, toujours de la même manière, s’insinuer à nouveau dans leur sang, dans leur souffle, re-teinter leurs joues, régénérant l’espoir. Mais là, en si peu de temps, à eux, ces parents venus de si loin, comment leur dire, comment leur faire comprendre ?

Ce qu’ils cherchaient désespérément depuis ce jour où leur vie avait basculé était là, tout près, si près qu’ils l’occultaient. Ça se trouvait pourtant à portée de leurs mains, accessible, juste une question de regard qu’ils ne plaçaient pas au bon endroit. J’avais fait de mon mieux, donné le meilleur de moi-même, mais j’eus tout à coup l’impression d’avoir échoué, là où il était si important de réussir…

Et puis le miracle se produisit. Une femme venait de se lever. C’était Chantal, une de mes patientes. Je ne savais même pas qu’elle serait présente. Il me sembla tout à coup qu’elle se détachait en couleur sur ce fond où les formes n’étaient plus qu’en noir et blanc. Je vis le torrent d’énergie se déverser de sa frêle silhouette, quelque chose qui irradiait et parlait pour elle, bien plus que les mots qui sortaient de sa bouche. Chantal portait, elle aussi, l’ancienne blessure, mais je perçus en cet instant, à quel point elle l’avait transcendée. Elle ne dit pas grand-chose, juste ces quelques mots :

– Je m’appelle Chantal. Nous avons, comme la majorité des personnes ici présentes, perdu notre enfant de mort subite du nourrisson. C’était il y a quelques mois et c’était notre petit garçon. J’ai eu la chance d’expérimenter le travail et les outils quevous à décrits la sage-femme qui vient de s’exprimer. Tout ce dont elle vous parle, je l’ai éprouvé, vécu et vérifié. Je ne pensais pas que cela puisse être donné, mais, aujourd’hui, je peux en témoigner. Ce qu’elle vous dit est vrai, il est possible de Vivre après une telle épreuve, de Vivre vraiment et non pas de survivre. Il est aussi possible, comme on recouvre la vue, de retrouver le bonheur et la joie. Hier, cela me semblait totalement inconcevable, utopique, mais aujourd’hui, c’est déjà là !

 

Ce jour-là, après le colloque1, de nombreux parents vinrent vers moi, mais je compris que quelque chose manquait à ce monde de ruine et de destruction, ce monde de cendres et de tourments sans cesse renouvelés. Il fallait un appui, un écrit sur lequel les outils si puissants de la guérison puissent être répertoriés, étayés par les récits, les témoignages de ceux qui ont guéri, qui savent et qui portent en eux le vécu de l’espoir. Je me devais de mettre en place une transmission, qui puisse aller dans chaque foyer où la vision morbide de la mort s’était si bien installée, pour la déloger, pour y ramener le tambour clair et joyeux de la vie.

 

Ce fut ce jour-là que le livre naquit.

 

1Journée sur la mort subite du nourrisson organisée par le GEN-LR (Groupe d’Etude enNéonatalogie du Languedoc Roussillon) novembre 2008.

 

Extrait 2 :

Un livre pour tous

Dans une vision superficielle, il est possible de penser que ce livre ne prend en compte que le deuil périnatal et s’adresse uniquement à des parents qui ont vécu des pertes de fœtus ou d’enfants en bas âge. Ne vous méprenez pas, il va beaucoup plus loin. En réalité, son rayon d’action n’est pas limité. Toutes les pertes, tous les deuils, de quelque ordre qu’ils soient, vont être concernés et trouver ici leur écho.

Mon expérience du deuil psycho-périnatal donne l’empreinte de l’expérience et l’ancrage du vécu, mais elle n’est qu’un appui qui emmène plus loin. Ce modèle n’a d’autre but que de s’atteler à retrouver l’origine et les causes de la peur et de la souffrance inhérentes à la perte, de démonter leurs mécanismes et, à terme de s’en affranchir. Ces mécanismes, ces rouages sont communs à toutes les disparitions d’être chers. C’est pour cette raison que, quelles qu’elles soient, tout naturellement, les lignes de conduite et les outils qui en découlent pourront leur être apposés.

 

Extrait 3 :

Le choix de la vie

Hélène et Jean furent abasourdis lorsque la nouvelle tomba. C’était une fin d’après-midi et aussi la fin de tout espoir. L’enfant qu’ils attendaient, qu’elle portait dans son ventre depuis plus de 5 mois ne survivrait pas. Bien sûr, on leur avait dit depuis un bout de temps qu’il y avait un problème, mais ils avaient espéré que ce ne serait pas si grave… Mais aujourd’hui, on les avait convoqués, les multiples examens aboutissaient tous au même diagnostic : les malformations qu’il portait étaient trop importantes, elles impliquaient, définitivement, le pronostic vital. Non, il n’y avait aucune autre alternative, aucun traitement, aucune intervention possible. On leur avait dit qu’il y avait toutes les chances – quel mot pitoyable – qu’il n’arrive même pas à son terme, et si c’était le cas, vraisemblablement il ne supporterait pas l’épreuve de la naissance. Au mieux, il mourrait dans ses premiers jours de vie.

Bien sûr, l’annonce n’avait pas été faite en ces termes, tout le monde avait été très gentil, mais l’énorme gouffre était ouvert. Lemédecin avait appelé leur tout petit, leur bébé d’amour un polymalformé. Plus jamais rien ne serait pareil. Ils se souvenaient vaguement qu’on leur avait proposé d’interrompre la grossesse. Interruption thérapeutique,ils disaient. Quel médicament peut-on apporter dans ces cas-là ? Mais eux, de ces mots,ils n’avaient retenu qu’une chose : on voulait interrompre la vie de leur enfant, celui qu’ils avaient imaginé si tendrement, sa petite main blottie dans la leur, confiant, sur le chemin d’un futur qui leur appartenait. C’était hier…

Ils devaient tous les deux y penser, signer ce papier, les autoriser à faire l’injection qui les délivrerait – mais les délivrer de quoi ? – Hélène sentait quelque chose qui hurlait en elle. Elle se sentait impuissante désespérée mais surtout dépossédée de l’essentiel : le choix. Quelles possibilités lui laissait-on ? Quel était ce monde où une mère, un père devaient trouver en eux la force de prendre la décision d’arrêter la vie d’un enfant désiré, leur enfant. C’était la loi, personne ne pouvait le faire à leur place. Mais elle, son tout petit, sa lumière de vie, elle était incapable de l’identifier aux terribles malformations qu’il portait et qu’on lui conseillait avec tant de bienveillance d’éliminer… au plus vite… Elle restait la mère de cet être fragile, magnifique, dont elle se sentait responsable, la mère de ce merveilleux enfant de l’amour.

Alors, Hélène et Jean virent en eux le choix qui s’imposait : il n’y aurait pas d’interruption de grossesse. Ils avaient choisi. Ils vivraient tout ce qui se présenterait de toute leur âme, de tout leur cœur. Ils accompagneraient leur enfant et profiteraient du temps qu’il leur restait ensemble avec ravissement, à l’aimer. Ce serait leur passionet quel qu’en soit le temps, le prix à payer, cette tranche de vie leur appartenait et ils sauraient, quoi qu’il leur en coûte, en faire une fête.

Les médecins étaient sceptiques devant leur décision. Si l’issue était certaine, personne ne pouvait prévoir le temps que mettrait le petit être à s’en aller, et puis, il y avait la question de la souffrance… Cependant c’était possible. Si eux étaient capables d’accepter tous ces paramètres inconnus, la médecine actuelle, du moins dans ce centre-là hautement spécialisé,avait les moyens de les aider à gérer cet accouchement particulier, la souffrance aussi si elle apparaissait. Il n’y aurait aucune aide thérapeutique, juste du confort. C’était possible !

Hélène et Jean étaient d’accord, en fusion totale dans leur choix. Cette décision c’était tout ce qui leur restait, mais c’était aussi comme une pluie fraîche après le dessèchement de ces derniers jours de leur vie. Ils savaient désormais qu’ils pourraient avoir le bonheur d’accompagner leur enfant dans ses ultimes instants, sans rien brusquer, donner de l’amour là où il y en avait tant besoin, être parents au moment le plus tragique, ne pas s’éclipser, aimer sans aucune condition, totalement, infiniment. Et ça, c’était leur baume régénérant. Et puis, il y avait l’ordre des choses. Le respect de la vie sous toutes ses formes, même dans ses chemins les plus tortueux. Il y avait aussi ce sentiment éclatant de ne pas passer à côté de quelque chose, de ne rien oublier derrière soi. Dans leur choix, ils trouvèrent soudain un sens exceptionnellement lumineux à leur vie.

Lucie vit le jour un mois avant le terme, l’équipe médicale fut discrète mais présente dans le besoin. Elle accompagna la rencontre, puis l’adieu, de manière à ce que la petite fleur de lumière reste le plus possible consciente, mais sans souffrir. Elle put naître, vivre, puis s’éteindre dans le soleil d’amour éblouissant de ses parents. Contrairement à toute attente, elle réussit le prodige d’offrir 6 jours de vie à ceux qui la chérissaient, 6 jours de bonheur inconditionnel, dans l’instant. Son bref passage fut un océan de tendresse et de bienveillance. Hélène et Jean gardèrent pour toujours au fond de leur cœur le souvenir de la présence vivante et vibrante de leur petite fille, comme une source pure, régénératrice et apaisante qui leur permit de dépasser leur peine et de se tourner vers l’avenir.

Extrait 4 :

Le bonheur conjugué au présent

Anna avait quatre-vingt-deux ans. C’était une magnifique grand-mère, aux yeux rieurs et aux cheveux argent. Fine et coquette, elle avait gardé la droiture élégante et le regard vif d’une jeune fille. Je ne sais pour quelle raison, il y avait en elle quelque chose d’émouvant qui me touchait.

Elle vint me voir pour travailler sur son périnée qui présentait plusieurs faiblesses. Très investie, elle réussit à obtenir la maîtrise des pressions périnéales et à guérir ses problèmes urinaires. Elle y mit un peu plus de temps que les autres, mais cette réussite fut très importante pour elle. Elle s’en sentit tellement valorisée… Enchantée par ce travail qui lui rendait et son féminin et son autonomie, elle partit radieuse poursuivre sa route.

 

Je ne la vis plus pendant 2 ans, puis un jour, je trouvai un message sur mon répondeur, Anna souhaitait me voir. Rendez-vous fut pris pour la semaine d’après. La première chose que je vis quand elle entra fut la tristesse de ses yeux. Les étoiles pétillantes qui les éclairaient jadis avaient disparu. Anna s’assit et doucement, lentement me dit :

– Il y a deux ans, jour pour jour, je sortais de votre cabinet. J’étais si heureuse de rejoindre mon mari pour lui dire que j’avais réussi, si fière de moi aussi… mais je n’ai jamais eu l’occasion de le faire, il est mort dans la voiture, en m’attendant, un accident cardiaque. En le perdant, j’ai tout perdu. J’ai aujourd’hui 84 ans et je viens vous voir parce-que je n’ai plus aucun goût pour rien. Comment continuer à vivre, il n’y a plus aucun but à cette vie, et je n’ai plus envie de rien. Je passe mes journées assise dans ma cuisine, à attendre d’aller le retrouver, j’ai mal, et il me manque tout le temps…. Quant à mon périnée, vous devez vous en douter…

Je sais que dans le cadre de la rééducation, vous proposez aux jeunes mamans des outils pour faire face aux pressions périnéales en lien avec les stress1. A l’époque, je sais aussi que vous aviez aidé des personnes qui avaient perdu leur enfant. J’ai confiance en vous et j’ai besoin d’aide, ne refusez pas, guérissez-moi de cette douleur insupportable… et puis il faut voir aussi le problème des pertes urinaires, non ?

Je pris sa main délicate, presque transparente et lui dit :

– Anna, bien-sûr que nous allons nous occuper de votre périnée, mais pour le reste, je ne peux pas vous guérir, aucun thérapeute n’a ce pouvoir. Mais ce que je peux faire, si vous le souhaitez vraiment, c’est effectivement vous donner quelques outils qui peuvent vous aider à le faire vous-même.

 

Nous reprîmes le travail sur la maîtrise des pressions, car la peine écrasait sa cage thoracique, faisant subir à son périnée fragile de violentes pressions (Le passage en biologie  p. 075). Puis, ensemble nous vîmes où se situait très exactement le mal d’Anna. Elle sut reconnaitre et conscientiser les points d’impact de sa souffrance. En appui sur ces cibles, je tins ma promesse et lui proposai les outils du deuil. Elle sut les choisir avec entendement, elle sut les appliquer avec joie. Elle partit chez elle le regard, éclairci, le périnée plus tonique, et porteuse à nouveau du souffle incandescent de la vie.

Anna pouvait désormais reprendre les rênes de son existence, s’occuper d’une décision qui était restée en suspens :savoir s’il convenait de garder sa maison ou pas. Elle souhaitait tout à coup s’atteler à cet objectif, investiguer sur les différentes voies qui s’offraient à elle. Elle devait aussi aller voir ses nièces, elle en avait soudain l’envie. Peut-être aussi ferait-elle ce voyage avec ses amies… Son présent reprenait son cours, sa force ses droits.

Anna avait réussi et l’essai et la transformation. Les outils lui avaient permis de changer son axe de vision, mais, le plus important, c’est qu’elle avait voulu vraiment, profondément, intensément guérir. Malgré son grand âge, elle n’avait pas souhaité continuer à se complaire dans cette attitude de victime, accidentée de la vie, même si dans les faits, elle avait vécu une collision, un carambolage. Elle avait souhaité recouvrer la joie comme on souhaite recouvrer la vue. Il n’y aurait pas eu de possible sans cette première et si importante intention.

Elle avait ensuite travaillé à accepter la perte de son mari sur le plan du corps, accepté de positionner un OUI à ce qui est sans concession dans ce qui ne pourrait en aucun cas être changé. Même si au début, les choses avaient été difficiles, elle avait su renoncer à l’absurde désir totalement irréalisable de toucher son bien aimé, d’entendre sa voix, de sentir son odeur. Cette nouvelle vision des choses, du non-sens de sa demande l’avait rendue libre (Lâcher la crise d’impossibilité p. 093).

Elle avait aussi mis en place le cordon arc en ciel comme je le lui avais conseillé, et pu enfin dire à son mari tout ce qui était resté en suspens, en souffrance (Les Gestes Symboliques p. 141). Cela lui avait rendu le sourire.

Elle avait également compris que leur relation s’était décalée sur un autre plan, sur un autre degré de leur portée musicale. Désormais, elle vaquait à ses occupations, en lien permanent par le cœur avec l’essence d’amour du disparu. Il avait cessé d’être une déchirure, lorsqu’elle avait pu à nouveau s’y relier dans ce qu’il portait de plus beau. Dans la qualité de ce lien, elle l’associait à son quotidien, à ses joies, à son bonheur paisible (le partage du bonheur p. 147).

Elle avait également cessé de lui demander de la remplir, en réalisant qu’il ne pouvait plus le faire (L’invertion des rôles p. 105). C’est elle qui lui envoyait sa bonne humeur et son amour, peu importe ce qu’elle faisait et peu importe où il était. Elle avait aussi compris qu’il ne s’agissait pas là de croyance, mais juste d’amour.

Anna savait aussi que dans cette vie à deux, le meilleur avait été donné, que le meilleur avait été reçu. Tous ces cadeaux resteraient des présents tant qu’elle se souviendrait d’eux comme une fête. Elle ne souhaitait plus les assombrir de sa peine, mais les révéler, s’en souvenir comme autant de feux de joie (Sur la route p. 118).

Anna savait aussi désormais qu’il lui restait l’instant, l’instant sans cesse partagé avec sa famille, ses amis, réinventé dans chacun des tout petits bonheurs de sa vie pour la plus grande joie de tous (La substance de l’instant p. 113)

Enfin, ultimement, Anna avait admis l’incontournable règle du jeu  de la vie, sûrement une des plus importantes : la transformation.

Quand sonnera l’heure du grand passage, à la porte du sas, Anna sera libre, et plus encore, ayant su trouver en elle la force d’opérer à la réharmonisation, elle ne transmettra vraisemblablement aucune souffrance à son clan. (Le sas p. 203).

 

Son périnée à nouveau restauré, je ne la revis plus jamais

 

1  Travail sur la maîtrise des pressions qui s’exercent sur le périnée et du lien stress – pressions – pathologies.

 

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